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Littérature | Décryptage de La ‘’Républik Souveraine, Autonome, Afrikaine du Doromikan’’ de Adama DAHICO

La « Républik Souveraine, Autonome, Afrikaine du Doromikan» est parue chez ©L’Harmattan Côte d’Ivoire (2020) La « Républik Souveraine, Autonome, Afrikaine du Doromikan» est parue chez ©L’Harmattan Côte d’Ivoire (2020)

« Deux enfants d’opposants ne peuvent pas se marier dans la République » au risque d’avoir un « enfant opposant de pur-sang ». L’on peut en rire. Normal, Adama DAHICO, auteur de « La Républik Souveraine, Autonome, Afrikaine du Doromikan » use d’une plume burlesque pour dépeindre un tableau qu’on connaît mais, qu’on n’ose pas dire. Dahico, lui, dit ces choses qui font rire mais, pas que pour rire, en réalité de ces réalités socio-politiques qui l’entourent ou qui ont marquées son parcours artistique.

 

Parcourant les pages de [sa] «  Républik Souveraine, Autonome, Afrikaine du Doromikan« , paru chez chez ©L’Harmattan Côte d’Ivoire, l’on ne s’ennuie guère. D’où le sous-titre : Sourire – Rire – Éclats de rire.

Du « Maquis Doromikan », le spectateur se souvient de cette création humoristique à couper le souffle. Ce spectacle-concept mettant en lumière celui dont les paroles ne doivent être prises au premier degré (Doromikan – Parole d’ivrogne), Adama Dolo devenu Dahico (saoul), Président du Doromikan, ne se contente guère d’enfiler que des tenues de scènes.

 

S’il joue pour de vrai dans le « marigot politique » ivoirien, même s’il n’est toujours pas pris au sérieux, l’auteur, humoriste, devenu candidat à la présidentielle en 2010 en Côte d’Ivoire, ne s’est pas éloigné de son concept « Doromikan » qu’il veut désormais ‘’républikain’’.

 

Pour écrire son livre dont le personnage principal est nommé Soumbala Mougou – Le propriétaire (Dictateur bien-aimé), Dahico l’auteur s’est mis, depuis 2010, dans la peau – sinon taillé le costume – de celui qui fait de l’humour socio-politique en se créant un personnage : Le Président du Dromikan qui créera son parti politique. Dans la réalité, Dolo Adama (Adama Dahico) fera acte de candidature à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire et sera retenu candidat.

« C’était un mercredi. Le 09/09/2009 à partir de 9 heures, se souvient Dahico – page 9, nous venions d’administrer un coup de fouet humoristique dans le marigot politique ivoirien parsemé de doute et de crainte. Pour réaliser notre rêve de devenir le premier comédien humoriste Président d’une République dans une élection libre et ouverte à toutes les ambitions démocratiques pour une sortie définitive de crise politico-économique, nous fûmes acte de candidature. Notre contribution de campagne à ce grand concours national, dont le slogan de campagne et de ‘’champagne électoral’’ : ‘’La majorité silencieuse, le pouvoir par le rire, le rire pour éviter le pire’’, a eu sa part d’électeurs au mois d’octobre 2010 ».

 

Sauf que les Ivoiriens ne le comprennent toujours pas (assez). « Pourtant, je suis disponible », se dit-il fair-play. Classé 11è sur 14, à la présidentielle (pour de vrai), Dahico a démontré que l’humour peut contribuer à l’apaisement. C’est alors que, pour faire comprendre le dirigeant qu’il aurait été, Dahico décide de créer (sinon d’écrire) la « Républik Souveraine, Autonome, Afrikaine du Doromikan ».

 

« Pour expérimenter notre vision de gouvernance et de gestion des peuples, décrit l’auteur, nous proposons la création d’une nouvelle nation La ‘’Républik Souveraine, Autonome, Afrikaine du Doromikan’’, un observatoire démocratique, un laboratoire d’idées et de pensées ».

Dans son livre, si le mot République se termine dans celle souveraine de Dahico avec « K« , c’est parce que l’Afrique, explique-t-il, « en elle-même est un cas ».

 Des scènes décrites dans la « Républik Souveraine, Autonome, Afrikaine du Doromikan», ce sont (en fait) des réalités vécues – sans clichés mais voilés – au Mali, en Guinée, en Côte d’Ivoire, etc.

Pour avoir une bonne lecture des faits et des réalités socio-politiques, l’auteur s’est donné le temps d’observer tout se passe au Togo, au Mali, en Guinée, en Côte d’Ivoire, etc. Résultat, la publication de ce livre qui « pourrait ressembler au quotidien des Africains », en général et des Ivoiriens en particulier.

Un fait qui décrit d’ailleurs le défunt Président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), « tous les matins, devant le domicile du Président, Soumbala Mougou est réveillé au chant d’éloges et d’incantations par Kalifa, son griot – sa carte mémoire ». Relatant ce fait qui « s’est passé au Mali, avec IBK », témoigne Adama Dahico, « cela permet au Président de se réveiller en toute douceur et en toute responsabilité ».

 

Dans son livre, l’auteur relève un statut particulier pour l’opposition politique. Car, écrit-il, « deux enfants d’opposants ne peuvent pas se marier dans la République » au risque d’avoir un « enfant opposant de pur-sang ». Prenant position, Dahico l’auteur prévient : « Si nous voulons une démocratie vivante, il faut revoir certaines choses dans notre constitution ». C’est, admet-il, « être précis, clairs et avancer ». Cependant, fait-il remarquer, tout ne se passe toujours pas dans les règles de l’art. Car, déplore Dahico, « s’il y a [à la tête des Etats] des demi-dieux, c’est parce que le peuple en veut ».

 

Et, ces demi-dieux à la tête des Etats « afrikains », Dahico en fait une peinture dictatoriale. C’est, narre-t-il, le Président qui décide de tout, c’est lui qui interpelle au niveau de la justice; un matin il décide qu’on libère un tel.

S’il s’interdit – outre feux Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire) et Mobutu Sese Seko (RD Congo) – de citer des noms, parce qu’ « on ne cite pas les contemporains », Adama Dahico est formel : « Des demi-dieux, on en a vu en Afrique. Vous les connaissez ».

De la question de la limitation de pouvoir (mandat) qui a du mal à faire cas d’école en Afrique, Dahico ironise l’ivresse du pouvoir. « Si j’avais été élu Président en 2010 en Côte d’Ivoire, conte-t-il, j’aurais fait mon premier et deuxième mandat et être le plus jeune président à la retraite. Le peuple aurait insisté [que je rempile]. Chose que j’allais accepter, pour que je fasse un troisième mandat ».

 

Pour faire sérieux, écrit l’auteur, « l’Afrique a besoin de dirigeants courageux, audacieux, tous disposés à la servir avec honnêteté ». Pour Dahico, ce livre qu’il qualifie «d’évasion humoristique », « est une invitation personnelle à mieux percevoir la fonction de l’humour et du rire pour corriger nos tares et garantir un développement durable fondé sur le respect des valeurs humaines ».

 

La « Républik Souveraine, Autonome, Afrikaine du Doromikan», paru chez ©L’Harmattan Côte d’Ivoire (2020), annonce, confie l’auteur à Farafinet, une série télé à venir pour rendre vivant tous les personnages. Soumbala Mougou, personnage principal du livre en sera le Président. « On verra comment il règne et chaque président va se retrouver là-dedans », promet Adama Dahico.

 

Adama Dahico est déjà auteur de : Ne riez pas ! (2004, NEI CEDA) ; Donnez-moi le pouvoir et je vous rendrai le rire (2006, NEI CEDA) ; Le politiRien (2010, NEI CEDA) ; Eh Djah ma vieille !!! Dieu avant tout (2004, NEI CEDA) ; Le Chef, je veux gouverner la France pour mieux comprendre l’Afrique (2019, NEI CEDA).

 

© Koné SEYDOU

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