Filière avicole au Mali : un pilier économique stratégique au cœur de la sécurité alimentaire

Longtemps perçue comme une activité domestique de subsistance, la filière avicole s’impose aujourd’hui comme l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie malienne. Avec un cheptel estimé à plus de 57 millions de volailles, elle contribue à la sécurité alimentaire, à la création d’emplois et à la résilience économique, dans un contexte marqué par les crises climatiques, sociales et sécuritaires.

Une filière profondément ancrée dans le tissu social

L’aviculture occupe une place centrale dans la vie quotidienne des ménages maliens. Dans les zones rurales comme urbaines, l’élevage de volailles — poulets locaux, pintades, canards ou dindes — constitue une source immédiate de protéines animales et un moyen rapide de mobilisation financière.

En cas de besoin urgent, la vente de quelques volailles permet de faire face aux dépenses de santé, de scolarité ou aux obligations sociales. Cette dimension sociale confère à la filière avicole un rôle stratégique dans les mécanismes de résilience communautaire.

Un levier économique sous-estimé mais structurant

Avec plus de 57 millions de têtes recensées, le cheptel aviaire national représente un poids économique considérable. La filière génère des milliers d’emplois directs et indirects : éleveurs, commerçants, transporteurs, vétérinaires, fournisseurs d’aliments, restaurateurs et transformateurs.

Pour les jeunes et les femmes, souvent confrontés à l’exclusion du marché du travail formel, l’aviculture constitue une activité accessible, à faible capital de départ et à cycles de production courts, favorisant une rotation rapide des revenus.

Entre pratiques traditionnelles et montée en puissance du semi-moderne

La majorité des exploitations avicoles maliennes restent de type extensif traditionnel. Toutefois, une transition progressive est en cours vers des modèles semi-modernes, notamment dans les régions de Bamako, Sikasso et Koulikoro.

Ces nouvelles unités misent sur l’amélioration génétique, une alimentation contrôlée et un suivi sanitaire plus rigoureux, permettant d’accroître la productivité et de mieux répondre à la demande croissante des centres urbains.

Des contraintes structurelles persistantes

Malgré son potentiel, la filière avicole demeure confrontée à des défis majeurs. Les maladies aviaires, dont la grippe aviaire, constituent une menace récurrente. À cela s’ajoutent le coût élevé des intrants, la dépendance aux aliments importés et l’insuffisance des infrastructures vétérinaires.

La concurrence des produits avicoles congelés importés exerce également une pression sur les producteurs locaux, souvent désavantagés par l’absence de mécanismes de protection adaptés et de chaînes de transformation performantes.

Un enjeu central de sécurité alimentaire nationale

Dans un pays régulièrement exposé à l’insécurité alimentaire, l’aviculture apparaît comme une réponse stratégique. La volaille offre une source de protéines à cycle court, avec un impact environnemental limité comparé à d’autres formes d’élevage.

Conscientes de cet enjeu, les autorités maliennes ont engagé plusieurs initiatives visant à structurer la filière, renforcer les capacités des producteurs et améliorer l’autosuffisance nationale en protéines animales.

Perspectives : structurer, protéger et investir

Le développement durable de la filière avicole malienne repose sur plusieurs leviers : organisation des producteurs, accès facilité au crédit, amélioration des normes sanitaires, investissement dans la transformation locale et régulation des importations.

À moyen terme, une filière avicole structurée pourrait non seulement renforcer la sécurité alimentaire, mais aussi contribuer significativement à la réduction du chômage et à la diversification de l’économie nationale.

Chute — Discrète mais essentielle, la filière avicole nourrit bien plus que des ménages : elle soutient l’économie locale, renforce la cohésion sociale et incarne une voie crédible vers un développement endogène et résilient du Mali.

— La Rédaction de Farafinet.info