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Mariam Cissé : deux récits, un drame – quand l’assassinat d’une tiktokeuse révèle la fracture des narratifs maliens

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Mariam Cissé : deux récits, un drame – quand l’assassinat d’une tiktokeuse révèle la fracture des narratifs maliens

Analyse — Farafinet.info. Par Boub’s SiDiBÉ

L’assassinat en public d’une créatrice de contenu originaire de Tonka a suscité des versions contrastées dans les médias maliens : d’un côté des voix critiques qui dénoncent l’écart entre communication officielle et réalité sécuritaire, de l’autre des médias proches des autorités qui présentent l’événement dans un registre patriotique. Entre les deux, le constat — tragique — d’un État face à l’équation de la protection d’une jeunesse connectée. Cette enquête-analyse compare les narratifs et replace le drame dans le contexte plus large de la violence au Sahel.



Ce que disent les agences : confirmation du fait et premières informations

Plusieurs agences et médias francophones ont confirmé la mort d’une jeune créatrice de contenu identifiée publiquement comme Mariam Cissé, tuée en place publique dans la localité de Tonka (région de Tombouctou) début novembre 2025. Les dépêches indiquent que l’exécution a été commise par des hommes armés présentés par des témoins comme des jihadistes présumés.

Deux récits publics parallèles (exemples observés)

Sur les réseaux, des comptes d’opposition — par exemple la publication de Sambou Sissoko que nous avons examinée — lisent l’événement comme la conséquence d’un échec de la politique de sécurité : la juxtaposition entre un communiqué ministériel récent invitant des influenceurs à Bamako (27 octobre) et l’exécution publique (6-7 novembre) alimente une critique frontale du pouvoir. En revanche, des médias pro-transition présentent le drame en insistant sur l’émotion nationale et l’horreur du fait, sans nécessairement relier l’événement à une responsabilité gouvernementale directe. Ces deux lectures coexistent et se disputent l’interprétation publique.

Farafinet a consulté et archivé les publications Facebook connues (Sambou Sissoko ; Ouverture Média / OM) et les articles de presse régionale pour reconstituer ces lignes narratives (captures d’écran en archive interne).



Contexte sécuritaire : les données et analyses externes

Le drame individuel s’inscrit dans un contexte où la violence et l’instabilité restent élevées au Sahel et au Mali. Les bases de données spécialisées et les analyses régionales documentent une diffusion géographique de l’insécurité, l’action continue d’organisations armées (dont JNIM) et une hausse des actes ciblant les civils dans plusieurs zones du pays. Ces constats sont régulièrement compilés et publiés par des observatoires de l’événement sécuritaire.

Parallèlement, des organisations de défense des droits humains et des experts onusiens ont signalé, ces derniers mois, des exécutions et des atteintes graves aux droits civils dans des zones sous influence des groupes armés ou en lien avec des opérations conduites par des forces locales, générant un climat de méfiance et d’impunité qui pèse sur les populations.

Ce que révèle la comparaison des récits

  • Le narratif officiel (communiqués, invitations d’influenceurs, images de victoire militaire) vise la normalisation et la légitimation d’un pouvoir confronté à une crise de confiance.
  • Les récits d’opposition insistent sur la dissonance entre la communication publique (Bamako) et la réalité vécue dans des localités abandonnées (Tonka, zones rurales du nord).
  • Les médias locaux et régionaux multiplient les angles : émotion nationale, appel à des enquêtes, interpellations de l’autorité, ou au contraire mise en garde contre l’instrumentalisation politique du drame.

Questions centrales que pose ce drame

Trois questions émergent, sur lesquelles l’espace public et les autorités doivent apporter des réponses transparents et sourcées :

  1. Comment un groupe armé a-t-il pu exercer une telle opération en plein centre-ville de Tonka sans intervention visible des forces de sécurité ?
  2. Quels mécanismes de protection pour les citoyen·ne·s, notamment les créateurs de contenu qui s’exposent publiquement, l’État compte-t-il réellement déployer ?
  3. Quelles enquêtes indépendantes et quelles garanties d’impartialité sont promises pour établir les responsabilités et empêcher de nouveaux drames ?

Notes sur la méthodologie et les sources

Cet article s’appuie sur :
(1) dépêches et reportages internationaux et régionaux publiés à la date du 8–9 novembre 2025 (parmi eux RFI et médias régionaux qui ont couvert l’événement) ; :contentReference[oaicite:3]{index=3}
(2) bases de données et analyses sur l’évolution du conflit et des violences au Sahel (ACLED) ; :contentReference[oaicite:4]{index=4}
(3) rapports d’ONG et alertes d’experts sur les atteintes aux droits humains dans la région (Human Rights Watch, experts de l’ONU). :contentReference[oaicite:5]{index=5}

Farafinet a conservé les captures d’écran des publications Facebook qui ont contribué à la diffusion initiale de l’information (Sambou Sissoko ; Ouverture Média). Ces publications sont décrites ici comme « publications locales » et sont traitées comme des sources déclaratives : elles témoignent du récit social, mais ne remplacent pas une enquête indépendante.

Conclusion : l’angle le plus urgent

Au-delà de la douleur individuelle et du choc médiatique, l’affaire soulève un impératif simple : face à la multiplication des tragédies, la priorité doit redevenir la protection des civils et la crédibilisation des mécanismes d’enquête. Le débat public gagnera en sérénité et en utilité si les autorités acceptent la transparence, si les forces de sécurité rendent compte de leurs manquements, et si des mécanismes indépendants peuvent travailler sans entrave. Sinon, d’autres drames suivront — et les narratifs continueront de se croiser sans jamais répondre aux questions essentielles.

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