La crise au sein des deux premières forces politiques du Mali (Rassemblement pour le Mali et l’Union pour la République et la démocratie) est interpellatrice et doit servir de leçon pour les présidents qui souhaitent s’éterniser à la tête de « leurs » partis.
Les groupements politiques au Mali ont tendance à être arrimés par une seule et unique personne qui, par la suite, devient le candidat naturel. A ce titre, le président, fondateur du parti, est le seul financier. Ses désirs et ses ordres, même au détriment des intérêts du parti, sont suivis à la lettre. Il ferme très souvent la porte à toute contradiction, régnant en seul capitaine à bord d’un bateau. Oubliant totalement le caractère collectif du parti.
C’est à cette difficulté que les partis de feu Soumaïla Cissé et feu Ibrahim Boubacar Keita se trouvent confrontés. La véritable erreur des pères fondateurs de ces partis, c’est de n’avoir pas préparé de successeur capable de diriger les hommes après eux. Or, chacun de ces deux illustres hommes (IBK et Soumi) avaient maintenu le culte de la personnalité autour de leur modeste personne et ont régné en maîtres incontestables, candidats naturels du parti au scrutin présidentiel. Cela a eu pour effet après leur décès de créer une sorte de clanisme qui a supplanté les statuts et Règlement intérieur dont le respect s’impose à tous. Les deux partis sont en ce moment engouffrés dans une bataille sans précédent de tendances, chacune se croyant plus légitime à revendiquer l’héritage du père fondateur. Certains se sont même retrouvés devant les juridictions compétentes. Qu’ils soient départagés ou pas, selon bon nombre d’observateurs, “plus rien ne sera comme avant”. “La déchirure a impacté de façon significative la cohésion du groupe”, confie une source proche de l’URD qui requiert l’anonymat. Ce qui est sûr, c’est que chaque tendance souhaite garder l’héritage des défunts pour conquérir Koulouba, rien d’autre.
Ce qui se passe au sein de ces deux formations interpelle fortement les dirigeants des partis politiques qui se sont érigés en seuls maîtres du jeu.
Abdrahamane Baba Kouyaté