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Architecture et intégration régionale : la loi UEMOA au Mali

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Architecture, intégration régionale et formation : ce que la loi UEMOA révèle (et ne règle pas) au Mali

Lecture académique et prospective sur la régulation, la formation et l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest.

L’adoption par le Conseil national de Transition d’une loi transposant les normes communautaires de l’UEMOA relatives à l’exercice de la profession d’architecte s’inscrit dans une trajectoire plus large d’harmonisation juridique régionale. Toutefois, au-delà de la clarification du droit d’établissement et de la mobilité professionnelle, cette réforme met en lumière une tension structurelle persistante entre régulation de l’exercice, reconnaissance académique et capacités de formation dans l’espace ouest-africain. Une lecture académique permet d’en saisir les limites systémiques et les implications à long terme pour les politiques publiques de l’enseignement supérieur et de l’aménagement du territoire.


Une réforme juridique inscrite dans la logique d’intégration communautaire

L’Union économique et monétaire ouest-africaine repose sur un principe fondateur : la libre circulation des personnes et des services, assortie du droit d’établissement. Cette architecture juridique vise à réduire les cloisonnements normatifs entre États membres et à favoriser un marché régional intégré, fondé sur la mobilité encadrée des compétences.

La profession d’architecte, du fait de sa responsabilité sociale et technique, occupe une place singulière dans ce dispositif. Elle engage la sécurité des personnes, la durabilité des infrastructures et la qualité de l’aménagement du territoire. La loi adoptée par le Mali ne constitue donc pas une innovation isolée, mais l’inscription d’un cadre national dans une norme communautaire déjà structurante.

Exercice professionnel et reconnaissance académique : une dissociation fondamentale

D’un point de vue académique et juridique, il est essentiel de distinguer la régulation de l’exercice professionnel de la reconnaissance des diplômes. La première relève du droit administratif et ordinal ; la seconde s’inscrit dans les politiques d’enseignement supérieur, d’accréditation et de normalisation académique.

La loi UEMOA transposée au Mali agit exclusivement sur le champ de l’exercice professionnel. Elle autorise la mobilité et l’établissement des architectes ressortissants de l’espace communautaire, tout en maintenant des exigences nationales telles que l’inscription à l’Ordre, le stage professionnel et les obligations déontologiques.

En revanche, elle ne confère aucune équivalence automatique de diplômes et ne se substitue pas aux mécanismes d’évaluation académique. Toute interprétation contraire relève d’un contresens juridique.

Formation des architectes : une économie politique de la rareté

L’analyse structurelle de la formation en architecture en Afrique de l’Ouest révèle une économie de la rareté. Former un architecte implique des investissements lourds : ateliers spécialisés, équipements techniques, corps professoral hautement qualifié, et articulation étroite entre enseignement, recherche et pratique professionnelle.

Ces contraintes expliquent la faible densité d’écoles d’architecture dans la sous-région et la sélectivité des parcours. De nombreux étudiants sont contraints à l’exil académique, notamment vers le Maghreb ou l’Europe, accentuant les inégalités d’accès et la dépendance aux systèmes extérieurs.

EAMAU : pôle régional d’excellence et limite systémique

L’École Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme (EAMAU), basée à Lomé, s’est imposée comme un pôle régional de référence. Son rôle dépasse la formation : elle participe à la normalisation des pratiques et à l’harmonisation des standards pédagogiques dans l’espace ouest-africain francophone.

Cependant, un pôle d’excellence, aussi légitime soit-il, ne peut absorber à lui seul les besoins d’une région en forte croissance démographique et urbaine. L’enjeu n’est donc pas l’opposition entre excellence et accessibilité, mais la construction d’un écosystème régional de formation complémentaire et régulé.

Encadré académique — Regards comparés

En Europe, la formation des architectes repose sur un modèle long et normé, adossé à des agences d’accréditation et aux standards de l’Union Internationale des Architectes. Au Maghreb, les États ont historiquement investi dans des écoles nationales intégrées aux universités publiques. En Afrique de l’Ouest, la rareté des établissements spécialisés et la mutualisation régionale ont produit un système marqué par la sélectivité et l’externalisation des parcours académiques.

Le rôle des Ordres professionnels dans un espace intégré

Les Ordres professionnels constituent des instances de régulation essentielles, garantes de la qualité de l’exercice et de la protection de l’intérêt public. Dans un espace communautaire intégré, leur rôle n’est pas affaibli mais redéfini : ils assurent la médiation entre ouverture régionale et contrôle national.

Le maintien de l’inscription à l’Ordre des Architectes du Mali comme condition préalable à l’exercice traduit cette volonté d’équilibre entre mobilité et responsabilité.


Ce que la loi règle… et ce qu’elle laisse en suspens

La réforme clarifie le cadre juridique de l’exercice professionnel et renforce certaines obligations, notamment l’allongement du stage et l’exigence de serment. Elle ne saurait toutefois résoudre, à elle seule, les défis structurels de la formation, qui relèvent de politiques publiques éducatives de long terme.

Conclusion — Article-cadre de référence

Au-delà de l’actualité législative, la loi UEMOA sur l’exercice de la profession d’architecte au Mali agit comme un révélateur des tensions structurelles entre intégration régionale, souveraineté éducative et exigences de qualité académique. Elle stabilise un cadre juridique indispensable, mais met en évidence l’insuffisance des instruments de formation face aux besoins croissants liés à l’urbanisation et à la transition démographique.

La question centrale demeure celle de la capacité collective des États ouest-africains à concevoir, financer et gouverner leurs propres systèmes de formation d’excellence, sans dépendance structurelle ni fragmentation normative.



La rédaction de Farafinet.info



Architecture et intégration régionale : lecture académique

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