L’évolution récente des échanges commerciaux mondiaux, notamment le recours croissant aux monnaies nationales, marque un tournant majeur dans la géopolitique financière. À travers des accords bilatéraux et multilatéraux, plusieurs nations s’éloignent de la domination du dollar américain et de l’euro au profit de leurs propres devises. Cette nouvelle dynamique ouvre des perspectives prometteuses, en particulier pour les États du Sahel, confrontés à des défis économiques et politiques uniques.

Une tendance mondiale vers l’abandon du dollar 💸

Depuis quelques années, des puissances émergentes comme la Chine, la Russie, l’Inde et le Brésil ont entamé des démarches pour réduire leur dépendance aux devises occidentales dans leurs échanges commerciaux. Ces initiatives se sont intensifiées avec les récentes tensions géopolitiques et les sanctions économiques imposées par les États-Unis et l’Union européenne. Par exemple, la Russie et la Chine ont renforcé leur coopération pour utiliser le rouble et le yuan dans leurs transactions bilatérales .

Cette tendance gagne également du terrain en Afrique, où plusieurs pays se tournent vers l’utilisation de leurs monnaies locales dans les transactions régionales. L’Afrique du Sud, membre des BRICS, mène des discussions pour faciliter les paiements en rand dans ses accords commerciaux intra-africains .

Les États du Sahel et la nouvelle géopolitique

Pour les États du Sahel, cette transition vers les monnaies nationales dans le commerce mondial présente des opportunités et des défis. D’une part, cela pourrait permettre de renforcer la souveraineté économique en réduisant la dépendance aux devises étrangères et en stabilisant les économies locales. D’autre part, l’instabilité politique et l’insécurité dans certaines régions du Sahel compliquent la mise en place de telles initiatives.

L’intégration régionale, par le biais d’accords commerciaux et financiers entre les États du Sahel, pourrait s’avérer cruciale. Des organismes tels que l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ou la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pourraient jouer un rôle clé dans la promotion de l’utilisation des monnaies locales dans les échanges intra-régionaux. De plus, l’adoption de plateformes numériques sécurisées pour les paiements transfrontaliers pourrait accélérer cette transition .

Perspectives pour l’Afrique et le Sahel

L’une des plus grandes perspectives pour le Sahel réside dans la possibilité d’élargir ses partenariats commerciaux avec les BRICS et d’autres économies émergentes. Le sommet des BRICS 2024 à Kazan a mis en avant des discussions sur l’inclusion de nouvelles nations africaines dans le bloc, et l’utilisation des monnaies locales y est un sujet central . En s’alignant sur ces tendances, les pays sahéliens pourraient bénéficier d’une diversification de leurs partenaires économiques, renforçant ainsi leur résilience face aux chocs économiques externes.

Toutefois, le succès de cette transition dépendra également de la capacité des gouvernements sahéliens à stabiliser leurs économies et à améliorer la gouvernance. Les réformes structurelles, notamment dans les secteurs financiers et commerciaux, seront essentielles pour tirer pleinement parti de cette nouvelle donne géopolitique.

Conclusion : vers une indépendance monétaire renforcée ?

La montée en puissance des monnaies nationales dans le commerce international représente une opportunité inédite pour les pays du Sahel de se positionner dans un contexte mondial en pleine mutation. En consolidant leurs institutions économiques et en renforçant leur coopération régionale, ces nations peuvent espérer réduire leur dépendance aux grandes puissances monétaires, tout en forgeant des partenariats plus équitables avec les économies émergentes.