FARAFINET

Votre publicité ici

Journées théâtrales de Carthage : Mounir Argui face aux défis du théâtre africain

🌍 En Afrique de l’Ouest, les transitions s’enchaînent, les peuples résistent et l’avenir s’écrit à la plume de la souveraineté. Farafinet.info donne la parole aux voix du terrain, celles qui vivent l’Afrique, la pensent, et la bâtissent, loin des plateaux d’illusion.



Journées théâtrales de Carthage : Mounir Argui face aux défis du théâtre africain

À Tunis, lors des Journées théâtrales de Carthage (JTC), Mounir Argui, directeur de l’un des plus anciens festivals de théâtre du monde arabe et africain, livre une analyse lucide et sans concession sur l’état du théâtre contemporain. Dans un entretien accordé à Farafinet.info, il évoque les fragilités structurelles du théâtre africain, les obstacles à la mobilité des artistes et le rôle déterminant – mais encore insuffisant – des institutions culturelles internationales.

Un festival pensé comme un espace de réflexion

Fondées en 1983, les Journées théâtrales de Carthage ne sont pas qu’un rendez-vous de programmation artistique. Elles constituent un véritable forum intellectuel où se croisent artistes, chercheurs et metteurs en scène venus de plusieurs continents. Pour Mounir Argui, cette dimension réflexive est essentielle : le théâtre doit continuellement se questionner, interroger ses formes, ses récits et sa place dans la société.

La présence de figures majeures de la pensée théâtrale internationale, à l’image de Patrice Pavis, illustre cette ambition. Le théâtre n’est pas figé : il évolue, se confronte aux mutations sociales, politiques et technologiques, tout en conservant sa fonction première de miroir critique du monde.



Donner la parole à ceux qui parlent rarement

L’un des choix éditoriaux forts de cette édition des JTC a été de faire entendre des voix rares. Des metteurs en scène emblématiques, peu enclins aux interviews, ont accepté de partager leurs réflexions sur le théâtre, la politique et la création. Pour Argui, il ne s’agit pas de produire du commentaire médiatique, mais de restituer une pensée profonde, nourrie par l’expérience.

Dans un monde saturé de discours rapides et d’images éphémères, le théâtre demeure un art de la lenteur et de la densité. Il oblige à l’écoute, au doute et à la complexité. Cette exigence intellectuelle fait partie de l’identité des JTC.

Le théâtre comme espace de liberté

Au fil de l’entretien, une idée s’impose : le théâtre reste l’un des derniers espaces de liberté. Pour de nombreux artistes africains et arabes, monter sur scène relève parfois de l’acte de résistance. Le « théâtre de la liberté », selon Mounir Argui, n’est pas un concept abstrait, mais une réalité vécue par des créateurs confrontés à la censure, au manque de moyens ou à l’instabilité politique.

Le public, nombreux et fidèle, témoigne de cette nécessité. Files d’attente devant les salles, affluence constante, ferveur populaire : le théâtre continue de susciter un désir collectif.

La difficulté de faire circuler le théâtre africain

L’un des constats les plus préoccupants concerne la mobilité des artistes africains. Faire venir une troupe à Tunis relève souvent du parcours du combattant : coûts élevés des billets, absence de sponsors, soutien institutionnel irrégulier. Le cas du spectacle sud-africain Born Free, empêché de participer faute de moyens logistiques suffisants, illustre une problématique structurelle.

Les équipes artistiques sont souvent dispersées entre plusieurs pays. Rassembler une distribution devient alors un défi financier et administratif que les festivals ne peuvent assumer seuls.

Le rôle attendu de l’UNESCO et des institutions culturelles

Mounir Argui appelle à un engagement plus fort des institutions internationales, notamment l’UNESCO et l’Institut international du théâtre. La circulation des artistes n’est pas un luxe, mais une condition essentielle à la visibilité et à la survie du théâtre africain sur les scènes internationales.

Sans mécanismes durables de soutien à la mobilité, le risque est grand de voir les œuvres africaines confinées à leurs espaces nationaux, privées d’échanges et de reconnaissance.

Une mémoire vivante depuis plus de quarante ans

Ancien étudiant de l’Institut supérieur d’art dramatique de Tunis, Mounir Argui incarne la continuité générationnelle des JTC. Depuis plus de quatre décennies, le festival s’est construit sur une exigence constante : ne jamais baisser la barre artistique, quitte à programmer moins de spectacles.

Le théâtre, malgré tout

Malgré les contraintes économiques et institutionnelles, le théâtre persiste parce qu’il est nécessaire. Nécessaire pour penser le monde, pour résister à la médiocrité et pour préserver des espaces de liberté.

À travers la voix de Mounir Argui, les Journées théâtrales de Carthage rappellent que la culture n’est pas un luxe. Elle est un enjeu stratégique pour l’Afrique et le monde arabe, et un combat permanent pour la circulation des idées et des artistes.

— La rédaction de Farafinet.info



 

 

 

📢 Le portail web qui prend soin de votre image !
Contactez notre régie publicitaire pour booster votre visibilité.
🔵 Publicité – Annonce sponsorisée
© Farafinet.info — 2025. Reproduction totale ou partielle interdite sans autorisation explicite vérifiable préalable. Textes, images et vidéos protégés par le droit d’auteur.

Sois le premier à laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

En savoir plus sur FARAFINET

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture

En savoir plus sur FARAFINET

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture