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Grand-Bassam : L’effondrement de l’échafaudage de la Cathédrale Saint-Esprit relance le débat sur la sécurité des chantiers en Afrique de l’Ouest

🌍 En Afrique de l’Ouest, les transitions s’enchaînent, les peuples résistent et l’avenir s’écrit à la plume de la souveraineté. Farafinet.info donne la parole aux voix du terrain, celles qui vivent l’Afrique, la pensent, et la bâtissent, loin des plateaux d’illusion.

 

Grand-Bassam, Côte d’Ivoire — Le chantier de la future Cathédrale Saint-Esprit, l’un des projets architecturaux les plus ambitieux du Sud-Comoé, a été le théâtre d’un dramatique accident ce lundi 24 novembre 2025.

L’effondrement de l’échafaudage intérieur, en pleine activité, a fait 11 blessés, dont 8 cas graves, selon des sources concordantes recueillies par L’Info Express et KOACI. Les victimes, majoritairement des ouvriers de chantier, ont été prises en charge par les pompiers immédiatement dépêchés sur les lieux.

Le maire de Grand-Bassam, Jean-Louis Moulot, ainsi que le Président du Conseil régional du Sud-Comoé, se sont rendus sur place pour suivre l’évolution de la situation. Les causes exactes du drame demeurent pour l’heure inconnues. L’Église catholique locale a annoncé la préparation d’un point de presse pour éclairer l’opinion sur les circonstances du sinistre.

Ce projet religieux — conçu par le Cabinet AKA SEHR Architecte — devait accueillir à terme plus de 3 500 fidèles, et symboliser une nouvelle dynamique architecturale dans la région.

Mais au-delà du fait-divers, l’accident du chantier de la Cathédrale Saint-Esprit pose, une fois encore, des questions lourdes :

  • Sommes-nous véritablement prêts à garantir la sécurité des travailleurs sur nos chantiers ?
  • La réglementation est-elle appliquée ?
  • Les contrôles sont-ils suffisants ?
  • Faut-il repenser la gouvernance des projets d’infrastructures ?

Farafinet.info explore ici les enjeux profonds derrière cet accident.

Un accident révélateur d’un problème structurel

L’effondrement d’un échafaudage n’est jamais un fait anodin. C’est souvent le symptôme d’un défaut d’ingénierie, de supervision, de matériaux, ou de contrôle. Ce type de structure n’est pas censé céder, même sous une charge importante. Les normes de construction internationales l’exigent.

En Afrique de l’Ouest, plusieurs accidents similaires ont été recensés ces dix dernières années : effondrement d’échafaudages, de ponts en construction, de dalles fraîchement coulées, ou de bâtiments inachevés.

À chaque fois, les causes s’articulent autour de trois constats récurrents :

Sous-équipement chronique des chantiers

Beaucoup de sociétés de construction utilisent du matériel vieillissant, non certifié ou non adapté au projet.

Main-d’œuvre peu formée aux risques

Nombre d’ouvriers apprennent “sur le tas”, sans formation aux normes HSE, à la sécurité individuelle, aux procédures anti-chute ou à la gestion de charge.

Faiblesse ou absence d’audit technique

Dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, les inspections sont soit rares, soit purement administratives, sans véritable expertise structurelle.

L’accident de Grand-Bassam s’inscrit malheureusement dans cette réalité régionale.

 

La pression économique sur les entreprises du bâtiment

Un autre angle mérite d’être souligné : la pression budgétaire imposée aux entreprises locales.

Dans de nombreux appels d’offres, le critère déterminant reste le prix le plus bas, et non la qualité technique. Cela pousse certaines entreprises à réduire les coûts :

  • matériaux moins résistants,
  • échafaudages non certifiés,
  • ingénierie minimale,
  • sous-traitance excessive,
  • absence de contrôle qualité sur site.

Or, dans un secteur où chaque décision technique engage la vie humaine, la course au “moins cher” constitue un risque systémique.

Un édifice religieux symbole d’une ambition architecturale

La future Cathédrale Saint-Esprit n’est pas un bâtiment ordinaire. Sa forme, ses hauteurs, ses arches verticales imposantes et son plan circulaire exigeaient des dispositifs d’échafaudage robustes, stabilisés et régulièrement contrôlés.

Les photos du chantier avant et après l’effondrement montrent une structure dense, complexe, où chaque modification de charge devait être calculée finement.

De tels chantiers exigent normalement :

  • une étude HSE complète,
  • une modélisation avancée (BIM),
  • la certification des échafaudages,
  • des équipements individuels adaptés,
  • un superviseur sécurité présent quotidiennement.

La question qui se pose est donc naturelle et légitime : toutes ces procédures ont-elles été respectées ? Pour l’instant, aucune conclusion officielle ne permet d’y répondre.

Un enjeu continental : sécurité, gouvernance et responsabilité

L’incident de Grand-Bassam aurait pu se produire à Dakar, Bamako, Lagos ou Ouagadougou. Il rappelle une problématique panafricaine : comment sécuriser les grands chantiers dans des contextes où l’ambition architecturale dépasse parfois les capacités techniques locales ?

Plusieurs pistes de réflexion émergent :

  • Renforcer les normes nationales de construction, avec harmonisation régionale UEMOA/CEDEAO.
  • Rendre obligatoire l’audit technique indépendant, avant, pendant et après chaque étape critique.
  • Créer un registre national des entreprises certifiées HSE, avec sanctions en cas de manquement.
  • Former systématiquement les ouvriers, en partenariat avec les écoles polytechniques, les bureaux d’ingénieurs et les sociétés de chantier.
  • Encourager la transparence, en rendant publics les rapports d’avancement, les inspections et les audits.

La dimension humaine : les ouvriers, grands oubliés des chantiers

Les blessés de Grand-Bassam ne sont pas des chiffres : ce sont des pères de famille, des jeunes travailleurs, des artisans du quotidien.

En Afrique de l’Ouest, l’ouvrier est souvent la cheville ouvrière invisible du développement. Pourtant, il demeure le moins protégé, le moins payé, et souvent le moins assuré.

Les pays où le secteur bâtit vite — Côte d’Ivoire, Sénégal, Ghana, Nigeria — doivent impérativement revoir :

  • les assurances obligatoires,
  • les indemnités en cas d’accident,
  • les responsabilités de l’employeur,
  • les obligations de sécurité quotidienne.

Il ne s’agit plus d’une option : c’est une dérive qui coûte des vies.

Vers une prise de conscience nationale ?

La Côte d’Ivoire a lancé de nombreux chantiers ces dix dernières années : ponts, églises, mosquées, stades, échangeurs, universités, zones industrielles.

La question est simple : les mécanismes de contrôle suivent-ils le rythme de la croissance ?

Ce drame pourrait — devrait — être l’occasion :

  • d’un audit national,
  • d’un renforcement des inspections du BTP,
  • d’un dialogue entre État, bureaux d’études et entreprises.

Et surtout, d’une meilleure valorisation du métier d’ouvrier, trop souvent relégué à la marge.

Conclusion – Ouvrons le débat : comment bâtir sans sacrifier des vies ?

L’accident de la Cathédrale Saint-Esprit de Grand-Bassam ne doit pas se limiter à une actualité éphémère. Il pose une question essentielle pour l’avenir de nos villes africaines :

Comment concilier modernité, architecture ambitieuse et sécurité absolue des travailleurs ?

Farafinet.info ouvre donc le débat. Nous invitons :

  • ingénieurs,
  • architectes,
  • urbanistes,
  • ouvriers,
  • responsables publics,
  • entreprises du BTP,
  • citoyens,

à venir partager leurs réflexions sur un enjeu qui nous concerne tous.

Parce qu’au-delà des bâtiments que nous construisons, ce sont des vies humaines que nous devons protéger.

 

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