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Entre coups d’État et illusions démocratiques : Anatomie de la dérive politique malienne (1968–2025)

Alors qu'un discours tendancieux tente de faire porter aux seuls civils la responsabilité de l'échec démocratique au Mali, un examen rigoureux montre que les militaires ont gouverné plus longtemps et structuré un système de confiscation du pouvoir depuis 1968.
Poing levé brisant des chaînes, symbole de libération et de rupture avec l'oppression au Mali Le Mali aspire à briser les chaînes d'un système militarisé et à bâtir une démocratie véritable.




Militarisme politique au Mali : de la rupture à la répétition historique (1968–2025)

Par Boubakar Sidibé

Le Mali, pays de résistances et d’aspirations républicaines, s’est engagé dans une trajectoire politique où se croisent utopies démocratiques, militarisme récurrent et mémoires brisées. De 1968 à 2025, l’alternance a souvent pris la forme d’une rupture brutale plutôt que d’une transmission apaisée. Ce document de travail revisite les grandes étapes de cette dérive et en propose une lecture critique, à l’heure où le Mali tente, encore, de se redéfinir.

1968 : la rupture militaire avec l’expérience socialiste de Modibo Keïta

L’indépendance de 1960 inaugure l’époque Modibo Keïta, portée par le socialisme africain et le panafricanisme. L’isolement du Mali socialiste, les choix économiques radicaux et la répression des voix dissidentes affaiblissent le pouvoir, jusqu’au coup d’État militaire du 19 novembre 1968 par Moussa Traoré.

1968–1991 : l’UDPM, outil de militarisation institutionnelle

Pendant 23 ans, le Mali vit sous un régime militaire dominé par l’UDPM. Le parti unique devient un instrument de répression et de clientélisme. Les mouvements d’étudiants, de femmes et de syndicats sont matées par la force. L’économie reste sous perfusion des bailleurs. En mars 1991, les émeutes populaires provoquent une chute sanglante du régime.

1991 : Conférence nationale et mirage d’une rupture démocratique

La transition conduite par Amadou Toumani Touré pose les bases d’une démocratie pluraliste : libertés publiques, presse libre, partis politiques. La Conférence nationale est un moment unique de délibération collective. Pourtant, les graines du mal persistent : culture politique instable, armée non reformée.

1992–2012 : stabilité trompeuse, désillusions progressives

Konaré puis ATT conduisent le pays sur une voie semi-démocratique. Mais la gouvernance est minée par la corruption, les trafics transsahariens, l’absence de politiques sociales robustes. La fracture état-population s’approfondit. Le coup d’État de mars 2012 en est le symptôme brutal.



2012–2020 : insécurité, interventions et nouvelles illusions

De Sanogo à IBK, le Mali bascule dans une crise multidimensionnelle : sécurité dégradée, perte de souveraineté sur le Nord, processus de paix fragile. L’intervention française (Serval puis Barkhane) et l’Accord d’Alger sont contestés. En 2020, le CNSP réactive le cycle des putschs.

2020–2025 : Transition militarisée prolongée

Assimi Goïta incarne une double figure : héros national aux yeux de certains, prédateur des libertés pour d’autres. La transition, prorogée indéfiniment, souffre de déficit de légitimité. Les institutions civiles sont affaiblies, les contre-pouvoirs muselés.

Le cycle infernal : militaire comme « correcteur »

Chaque fois que les civils faiblissent, l’armée revient. Mais plutôt que de corriger, elle installe une confiscation du pouvoir. L’école, les médias et les archives n’ont pas su construire une mémoire républicaine solide. La population est renvoyée à l’amnésie politique permanente.

Recommandations pour une république refondée

  • Création d’un mécanisme citoyen de vérification des engagements politiques
  • Interdiction constitutionnelle des transitions militaires prolongées
  • Mémorisation numérique et scolaire de l’Histoire politique du Mali
  • Réduction du fossé rural/urbain dans la gouvernance
  • Intégration politique des diasporas maliennes

Conclusion

Ce demi-siècle de ruptures, d’espoirs avortés et de volontés contrariées ne peut rester lettre morte. Le Mali a besoin d’une relecture collective de son histoire, d’un réveil citoyen informé et d’une refondation institutionnelle sincère. La vérité historique est la première condition de la stabilité future.

Signé : Boubakar Sidibé
Photographe, journaliste, analyste politique



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