Selon les premiers éléments de l’enquête, ce stock de plus de deux tonnes de cocaïne en provenance d’Amérique Latine et estimé à 41,1 milliards de F CFA (62,6 millions d’euros) n’était pas destiné à la consommation locale. Il devait être distribué en petites quantités avant d’être exporté vers l’Europe. L’opération de police a été préparée en collaboration avec plusieurs services étrangers.
Mi-avril, le ministre ivoirien de la Justice, Sansan Kambilé, a, sur la base d’une information reçue par ses services, instruit Richard Adou, le procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau d’ouvrir une enquête. Celle-ci a été con!ée à Mabonga Touré, la directrice de la police des stupé!ants et des drogues. Le général Youssouf Kouyaté, le directeur général de la police nationale, en a ensuite informé Alassane Ouattara.
Tensions entre ministres
Le 23 avril, soit deux jours après la seconde saisie à San Pedro, le président a délégué à Tiémoko Meyliet Koné, le nouveau vice-président, la gestion de ce dossier délicat pour l’image du pays, qui devient une plaque tournante du tra!c mondial de cocaïne. Ce dernier a organisé dans la foulée une réunion au sommet. Autour de la table se trouvaient, entre autres, le Premier ministre, Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence, Abdourahmane Cissé, ainsi que les ministres Birahima Téné Ouattara (Défense) et Vagondo Diomandé (Intérieur et sécurité).
Si plusieurs suspects ont été arrêtés, dont un Colombien et sa mère à Assinie, au moment où ils cherchaient à rejoindre le Ghana voisin, mais aussi des citoyens brésiliens, portugais, nigérians et ivoiriens, aucun gros bonnet n’a été interpellé pour le moment. Les investigations se poursuivent donc et une série de mesures ont été prises, parmi lesquelles le renforcement des contrôles et des patrouilles sur les lagunes et dans les eaux territoriales.
Cette affaire a créé des tensions entre Sansan Kambilé et Vagondo Diomandé. Alors que le ministre de l’Intérieur a publié un communiqué o#ciel, les enquêteurs et le ministre de la Justice espéraient de leur côté remonter discrètement la !lière pour la démanteler avant d’ébruiter l’affaire. C’est la stratégie qu’ils avaient adopté en juin 2019 lors de l’opération « Spaghetti connection », qui avait abouti, avec l’appui des polices française et italienne, à l’incarcération d’une grande partie des membres d’un réseau international de tra!c de stupé!ants, dont six Italiens appartenant à la ma!a napolitaine, la Camorra. En mars 2021, une saisie de 1,56 tonne estimée à plus de 25 milliards F CFA avait également été effectuée dans les eaux ivoiriennes.