Le 1er sommet des chefs d’État membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui s’est tenu à Niamey, au Niger, marque un tournant décisif pour la coopération régionale en Afrique de l’Ouest. Le discours d’ouverture du Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition du Mali, a mis en exergue les objectifs et les défis de cette nouvelle alliance.

Contexte et Objectifs de l’AES

La création de l’AES par le Mali, le Burkina Faso et le Niger repose sur la volonté de renforcer la sécurité et de promouvoir le développement économique au sein de la région sahélienne, une zone sévèrement touchée par le terrorisme et le crime organisé. Le Colonel Goïta a exprimé sa gratitude envers ses homologues pour leur soutien et a souligné l’importance de l’unité et de la solidarité dans la lutte contre ces menaces communes.

Le discours de Goïta a mis en avant trois axes principaux :

1. Sécurité Collective : L’AES est fondée sur la défense mutuelle et l’assistance collective. Les forces de défense des trois pays sont désormais autorisées à opérer au-delà des frontières nationales pour traquer les groupes terroristes. Cette coopération militaire accrue vise à restaurer la sécurité et permettre le retour des administrations et des populations dans les zones précédemment occupées.
2. Libre Circulation : L’une des priorités de l’AES est de faciliter la libre circulation des personnes et des biens entre les États membres. Goïta a reconnu les barrières existantes et a promis des investissements dans les infrastructures et la technologie pour surmonter ces obstacles.
3. Développement Économique : Les ministres des trois pays ont déjà coordonné des politiques économiques pour harmoniser leurs efforts de développement. Ils ont proposé la création d’une confédération, prélude à une possible fédération future.

Analyse Géostratégique

La formation de l’AES survient dans un contexte de bouleversements politiques et sécuritaires en Afrique de l’Ouest, marqués par une série de coups d’État et une montée en puissance des mouvements anti-coloniaux. La France, en particulier, a été la cible de nombreuses critiques pour son ingérence continue dans les affaires africaines, une situation qui a exacerbé les tensions régionales et provoqué une série de renversements de gouvernements dans la région​ (Modern Diplomacy)​​ (Foreign Military Studies Office)​.

Le discours de Goïta souligne un changement de paradigme : les pays sahéliens ne comptent plus uniquement sur les anciennes puissances coloniales pour leur sécurité, mais cherchent à développer des mécanismes de défense régionaux autonomes. Cette démarche s’inscrit dans une volonté plus large de décolonisation et de prise de contrôle des affaires régionales par les Africains eux-mêmes.

Perspectives d’Avenir

L’avenir de l’AES dépendra de plusieurs facteurs clés :

1. Efficacité de la Coopération Militaire : La capacité des forces de défense des trois pays à travailler ensemble et à obtenir des résultats tangibles contre les groupes terroristes sera cruciale pour le succès de l’alliance.
2. Stabilité Politique : Les régimes militaires en place doivent naviguer avec prudence pour maintenir leur légitimité tout en répondant aux attentes de leurs populations en matière de sécurité et de développement économique.
3. Soutien International : L’AES devra également gérer ses relations avec les puissances extérieures, notamment la Russie, qui a manifesté un intérêt accru pour la région​ (Foreign Military Studies Office)​.

En conclusion, le discours du Colonel Assimi Goïta lors du sommet de l’AES met en lumière les ambitions et les défis de cette nouvelle alliance régionale. La réussite de l’AES pourrait servir de modèle pour d’autres initiatives de coopération en Afrique, renforçant ainsi l’intégration et la solidarité sur le continent.