Bamako – Abidjan : Dans une publication récente sur Facebook, la légende ivoirienne du reggae
Alpha Blondy a surpris ses fans en affirmant qu’il a « toujours été son propre arrangeur et chef d’orchestre ».
Une déclaration qui rebat les cartes de la mémoire musicale africaine et clarifie son rapport avec le Maestro malien Boncana Maïga.

Un tournant historique dans la compréhension de son œuvre

Dans son message publié le 21 octobre 2025, Alpha Blondy raconte les coulisses d’une émission télévisée de 1988,
où il interpréta Sweet Fanta Diallo sur Antenne 2.
Il y explique que son conseiller de l’époque, Boncana Maïga, lui servait de repère artistique,
sans pour autant signer les arrangements musicaux :

« À l’époque j’étais conseillé par mon Maestro (Boncana Maïga) même si j’ai toujours été mon propre arrangeur et chef d’orchestre. »

Cette précision vient contredire une croyance tenace selon laquelle
Boncana Maïga aurait été l’arrangeur principal d’Alpha Blondy sur plusieurs albums phares.

Les sources à l’origine de la confusion

Depuis les années 1980, plusieurs fiches discographiques et biographies présentaient Boncana Maïga comme arrangeur d’Alpha Blondy :

• Sur l’album Masada (1992) : mention « Arranged By – Alpha Blondy, Boncana Maïga » (Wikipedia).
• Sur l’album Dieu : fiche créditée « Arranged By, Producer – Boncana Maïga » (Discogs).
• Le site Afrisson.com indique : « Il a aussi arrangé les musiques d’Alpha Blondy. »
• RFI qualifiait Boncana Maïga d’« African arranger » (RFI Musique).

Ces références ont contribué à une confusion historique : Boncana Maïga, célèbre pour ses orchestrations raffinées,
aurait, selon plusieurs auteurs, défini la couleur sonore d’Alpha Blondy.
Mais le chanteur ivoirien rétablit ici sa propre vérité : il fut lui-même l’architecte musical de ses œuvres.

Un hommage et une clarification

Alpha Blondy ne nie pas l’importance du Maestro malien : il rappelle que Boncana Maïga fut un mentor et un conseiller respecté.
Mais il revendique son autonomie de création, confirmant qu’il assurait lui-même la direction d’orchestre et les arrangements de ses morceaux,
comme Fanta Diallo ou Blessé.

Cette distinction nuance profondément la lecture de sa discographie :
loin d’être uniquement interprète, Alpha Blondy se révèle compositeur, arrangeur et chef d’orchestre d’une œuvre pensée de bout en bout.

Une vérité artistique et historique

Pour la critique musicale africaine, cette mise au point ouvre une nouvelle lecture du reggae francophone.
Elle souligne la capacité des artistes africains à maîtriser toute la chaîne de création,
du studio à la scène, et redonne à Alpha Blondy son plein statut d’architecte musical.

Quant à Boncana Maïga, toujours actif, il conserve tout le loisir d’apporter sa version ou son démenti,
contribuant ainsi à écrire, ensemble, une histoire documentée et respectueuse de la mémoire musicale africaine.

— Ne jouez jamais avec votre travail… Et le temps vous donnera raison.
conclut Alpha Blondy dans son message, en guise de leçon de vie et de professionnalisme artistique.