La programmation de l’édition 2023 du festival Afriky Mousso donnait des raisons d’y prendre part. Pour preuve, sur la scène de la salle Lougah François / Ernesto Djédjé, les artistes Josey, Aïcha Traoré, Jahelle Bonee, Rozaya de la Côte d’Ivoire, Faty du Togo et Tanya (Burkina Faso) étaient à l’affiche le 9 décembre 2023.

Un concert magnifique, soutiendra la ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck qui y a pris part. Au Directeur général du Palais de la Culture, Koné Dodo, l’initiateur dudit Festival, la ministre lui a traduit ses remerciements, « pour avoir, à travers ce magnifique concert, permis de confirmer la force de la culture qui rassemble« .

Festival de promotion de la femme africaine, Afriky Mousso, comme chaque année, offre un plateau 100% féminin. Vu qu’il est dédié à la gente féminine avec pour objectif de lutter contre les discriminations et les violences à elles faites, l’artiste Josey a invité le public – surtout les femmes – à s’approprier Afriky Mousso pour qu’il grandisse davantage et aille au-delà des frontières ivoiriennes.

A chacune son implication pour la cause des femmes. Quand Jahelle Bonee invite à découvrir son univers Soul, ou elle fait (re)sonner mélodiquement « à gauche, à droite », « Meet My soul » – quelques sonorités de son dernier album (13 titres avec la participation de Paco Sery), c’est un voyage musical fait de fusion Afro Soul, Jazz voire Hip hop. A la différence de la solitude de la marche évoquée dans « My road », Jahelle n’est pas seule sur ce chemin, car le chant transporte, par la sensualité des notes de l’ahoco et la guitare acoustique, le spectateur.

Sur la thématique qui définit Afriky Mousso, Jahelle rend hommage à la « Femme forte », celle qui porte le monde, « ces femmes, ces reines, qui ont porté le monde, qui ont donné la vie ». Aussi fait-t-elle remarquer « depuis la nuit des temps, ce sont les grincements de beauté qui ont changé le cours de l’histoire ».

Extrait de « My road », la chanteuse dénonce un monde (absurde) où les victimes sont coupables. Sur ce chemin, « My road », qui traduit un parcours de vie, Jahelle chante « Nwolè » et revisite pour le bonheur des mélomanes « Djolo national » du groupe musical Yang System, en mode Afro Soul et Jazz. Loin de lui enlever son entrain, la chanteuse ajoute, sinon révèle dans le célèbre titre à succès des années 90, la douceur cachées des mots qui exhortent à la combativité (non au renoncement) et au courage, malgré les péripéties de la vie.

Aïcha Traoré – récemment Prix de la musique moderne d’inspiration traditionnelle au Stars de l’intégration culturelle africaine (SICA), à Yaoundé au Cameroun, a plaidé la cause des orphelins tout en invitant les parents (oncles et tantes) à veiller à leur bien-être quand décèdent l’un ou les géniteurs. Chant intimiste et autobiographique chargé d’émotions, Aïcha Traoré a dédié son temps de scène à sa génitrice à travers le chant « Reconnaissance à maman » qui évoque, par ailleurs, la souffrance et le décès de son père.

Une chose dont elle en est sûre, l’humanité est faite de déception comme elle le traduit dans « Djanfa So ». Si l’on reconnait Aïcha pour ses prestations enlevées, la chanteuse s’est montrée transformée, habitée d’une volonté de surprendre davantage son public. Accompagnée cette soirée d’un backing vocal complice pour un dialogue de mots, une conversation et une harmonie vocale, Aïcha anime sa scène d’une chorégraphie de quatre danseuses.

Une Aïcha, chantre, fera place à son homonyme – peinture de toutes les victimes d’abus et d’injustices – que chante Faty (Fatima Kouchekeho) du Togo.

Pour sa part, Faty dénonce (avec) dans « Aïcha » et dit Non aux violences faites aux femmes. Femmes battues, femmes humiliées, victimes de dépression morale, la chanteuse exhorte à donner à ces victimes leurs chances et plaide pour le droit à l’éducation. « La femme a droit à la parole. Ceux qui connaissent vraiment les femmes doivent les respecter. La femme est un mystère qu’il faut préserver », défend l’artiste née en Côte d’Ivoire qui, à travers ce titre, fait une représentation de la force qui caractérise la gente féminine.

Musique traditionnelle togolaise ou d’inspiration moderne, Faty accompagnée du guitariste Fifi, est une artiste dotée d’un potentiel qui ne laisse indifférent le spectateur.

L’édition 2023 de Afriky Mousso a fusionné avec le programme L’Art au Féminin qui est une initiative du Centre d’action culturelle d’Abobo (CACAB). Si le premier marquait l’apothéose, le programme d’activités a été marqué du 1^er au 8 décembre 2023 par une exposition d’œuvres d’art au CACAB, des ateliers de formation au Palais de la Culture et un dîner de gala (8 décembre) couplé d’une cérémonie de distinctions des femmes.

© Seydou Koné